La lecture de trajectoire

Une habileté à part entière

La lecture de trajectoire est impliquée dans toutes les tâches d'anticipation-coïncidence qui nécessitent d'intercepter un objet en déplacement. Les études montrent que ce type d'habileté est impliqué dans de nombreux sports mais aussi dans des activités de la vie courante.

Les mécanismes sont multiples et concernent à la fois le déplacement de la tête, celui des yeux, la coopération entre les yeux, la vision centrale ou périphérique, le calibrage perceptif de la dimension de l'objet visé.

On a démontré que l'expérience est essentielle pour rendre ce calcul performant et prédire avec précision l'endroit et le moment exact de passage d'un ballon sur la trajectoire.

Cela signifie que le volume de pratique et la diversité des conditions participent à l'élaboration de cette habileté perceptive.

Un problème à trois dimensions

Les variations de trajectoires peuvent se produire de gauche à droite, de haut en bas et en longueur. Les mécanismes impliqués ne sont pas les mêmes et il s'avère plus facile et plus immédiat de s'adapter à des variation droite / gauche qu'à des variations en longueur.

Les variations haut / bas sont détectées mais le joueur peu expérimenté ne fait pas immédiatement la relation entre haut = long et bas = court, qui s'avère pourtant exacte dans la majorité des cas. Comme les appréciations de la longueur de trajectoire sont moins performantes, il se trouve souvent mal placé sur des trajectoires plus courtes ou plus longues qu'il ne l'avait prévu. Le calibrage dans l'appréciation de la vitesse et des variations long / court repose sur l'expérience et la pratique.

Par conséquent, en favorisant sur le plan technique une zone d'intervention "devant soi" beaucoup plus facilement ajustable, on facilite l'adaptation et la réussite de la frappe.

Les trajectoires près du sol sont mieux appréciées que celles qui circulent en hauteur. Or le volley-ball se passe là haut ! Cela nécessite une réorganisation du champ de perception visuelle.

Le joueur placé "sous le ballon" se trouve dans des conditions très particulières d'appréciation de la vitesse et de la distance au ballon.

En frappe à deux mains, il s'adapte par une coïncidence entre le trajet des mains et celui du ballon (les mains et le ballon convergent sur un même trajet avec des imprécisions de "timing").

Dans le cas d'un smash, le joueur et décalé par rapport au ballon et la trajectoire de main doit couper la trajectoire du ballon sur un point.

La construction du "point de rendez-vous ballon / main", qui constitue l'espace de frappe propre au joueur, demande un apprentissage plus long. On constate des frappes "du bout des doigts" ou "du poignet" qui sont des indicateurs d'avance ou de retard dans le déclenchement de la frappe.

Si le joueur au smash se place sous le ballon pour faciliter l'atteinte du ballon, il se trouve dans l'impossibilité de le frapper efficacement.

Développer des stratégies de prise d'information visuelle

Il s'avère que les joueurs experts dans les sports de balle et de ballon démontrent des stratégies de prise d'informations différentes de celles des débutants.

D'une manière simplifiée, les experts se montrent à la fois précis dans la prédiction du point de chute et de l'instant de chute du ballon et capables de partager leur prises d'informations en détachant brièvement leur regard du ballon pendant la trajectoire par des saccades visuelles. Ils peuvent ainsi s'informer sur les modifications du milieu tout en assurant l'interception du ballon.

On pourrait dire que, en volley-ball, on apprend à se servir de ses yeux en même temps que l'on apprend à se servir de ses mains.

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